About Definition of Animation
The paper puts
forward the idea that animation like the cinéma in general, is a medium
conscious to the concept of time. And yet, in contrary to the cinéma
which conceals the conventional nature of time and its subjective point of
view, animation brings it to the open and adheres to its conventionalit
Définir le
cinéma d'animation.
Longtemps on a
essayé de définir le cinéma d'animation par une approche
technique. Or, la technique ne semble pas être un moyen pertinent
d'évaluation en l'occurrence : si l'on prend par exemple la
définition classique du cinéma d'animation comme "le
cinéma image par image", elle s'avère très vite
limitée comme on peut le constater si on filme un élément immobile,
un mur par exemple, avec différentes cadences : à 300 images
par seconde, à 24 images par seconde ou image - image, le
résultat reste identique.
Le cinéma
d'animation est plutôt caractérisé par son attitude
à l'égard du matériau cinématographique
élémentaire, l'image et le mouvement: soit par l'image soit par
le mouvement, le cinéma d'animation témoigne de son
caractère d'artefact. Contrairement
au cinéma de "prises de vues réelles" le cinéma d'animation ne cherche pas
à être considéré comme une "copie" de la
réalité, comme un processus qui reproduit fidèlement les
actions qui ont existé devant une caméra. Cette prétention
du cinéma est fallacieuse par ailleurs car le cinéma ne sait
toujours pas "copier" le temps. Le cinéma sait donner à
ses images en mouvement une durée équivalente au temps
réel d'un événement, mais il ne capte pas le temps de cet
événement. Il s'ajuste délibérément sur un
temps équivalent à celui d'un événement. Il
À
l'évidence, le temps "enregistré" n'intervient pas dans
la durée de l'événement représenté.
Le temps dans le
cinéma n'est qu'une analogie avec la réalité. Une
analogie établie par une convention, qui choisit d'appliquer une
même cadence (24 ou 25 images), dans la prise et dans la projection d'une
série d'instantanés photographiques.
L'erreur largement
répandue, veut que l'on identifie le temps conventionnel, au temps
réel. Ce qui caractérise le cinéma d'animation, est le
fait qu'il n'utilise pas cette convention. Le cinéma d'animation, comme
tout cinéma, propose une durée, mais au lieu de dissimuler la
nature conventionnelle ou subjective de ce temps, il la manifeste et la
revendique.
C'est à mon
avis la différence majeure entre cinéma et cinéma
d'animation.
S'il faut
résumer leur différence, on peut dire que l'un, le
cinéma en prises de vues réelles est le cinéma à
convention dissimulée, et l'autre, le cinéma
d'animation est le cinéma à convention dévoilée.
Bien sûr, ces notions il faut les comprendre comme des polarités,
comme des tendances. Car techniquement les ”deux” cinémas se rencontrent
et se mélangent…
Quelques
précisions :
Le laconisme
séduisant de ces formules épigrammatiques, les rend à la
fois efficaces et austères. Si l'on veut éviter la tentation de
restreindre l'analyse que toute formule définitive induit, on pourrait
revenir sur des approches plus ouvertes et en contrepartie moins
précises. En voici donc trois esquisses de définition, qui nous
permettraient ensuite d'apporter quelques précisions sur le sujet. On
peut définir le cinéma d'animation comme ”le cinéma dont
les images en mouvement témoignent de leur nature d'artefact et ne
cherchent pas à être considérées comme reproduisant
objectivement la nature”. Ou bien ”le cinéma dont les images et surtout
le mouvement témoignent de la présence d'une intention subjective
derrière l'articulation du matériau élémentaire
cinématographique”. Quant à l'animation, on peut la
définir comme ”l'expression par le mouvement qu'on attribue
intentionnellement à des formes”.
Le terme
"animation" (du latin animare) implique le mouvement puisque le
mouvement est le principal indice de la vie.
En règle
générale, tout le cinéma produit un "effet
d'animation" à savoir, rendre vivantes les traces laissées
par la lumière sur la pellicule. Sauf que le cinéma en "prises
de vues réelles" veut faire croire à cette illusion - en
assimilant à la réalité le résultat d'une
convention - tandis que le cinéma d'animation témoigne toujours
de la nature artificielle et subjective de cet ”animisme”. (On
considère, bien entendu, un public adulte qui ne vit pas dans un milieu
où l'animisme est une croyance traditionnelle).
Comme il se produit
souvent dans les définitions, il y a des champs qui restent ambigus, des
cas de figure qui ne sont pas facilement classables, car il n'est toujours pas
évident de discerner l'origine ou la nature d'une situation de
mobilité. Ainsi nous sommes invités à raisonner pour
classer un phénomène ambigu qui se présente à nos
yeux. On peut voir quelques cas
discutables:
Un être
animé (vivant) qui reste immobile: Un être
vivant peut rester parfaitement immobile - dans la nature on a plusieurs
exemples de ce comportement d'autodéfense. Filmé, d'une manière ou d'une
autre cet être, ne dévoile pas sa nature de vivant. Selon son
contexte il peut passer inaperçu, ou interprété comme
autre chose. Par exemple on qualifie de vivant un caméléon
dissimulé à partir du moment où on l'identifie avec
certitude. Avant il était une tache insignifiante dans un décor.
L'immobilité de cet être vivant annule l'effet d'animation
cinématographique. Bien entendu on a le même résultat si on
filme la surface d'un mur, mais là, l'immobilité est le résultat attendu.
Un mouvement
exogène: Le cas contraire, c'est un élément qui a
un mouvement exogène, résultat de l'application d'une force
externe et indépendante. Le mouvement des poils sur la fourrure d'un
animal, ne prouve pas que cet animal soit vivant. Sachant la nature du vent et
la flexibilité des poils, nous interprétons en général
le phénomène. Néanmoins il peut y avoir des cas où
cette interprétation n'est pas évidente. Ces cas sont plus
ambigus car difficilement interprétables. Une porte qui s'ouvre toute
seule, peut donner des frissons d'inquiétude si elle est vécue
dans un contexte propice : Nuit, environnement désert, à la
suite d'événements menaçants etc. Filmée, cette
action appelle une interprétation et la raison fait appel au
contexte : on entend ou pas le vent qui souffle, on sait l'absence ou la
présence de personnes susceptibles d'être derrière la porte...
(voir exemple dans ”Nosferatu” de Murnau). Ces exemples qui ne sont pas les
seuls, tant dans la vie que dans le cinéma, font appel à une
interprétation, rationnelle ou métaphysique, subjective ou
objective selon les cas.
La qualification
d'animé (vivant) tant dans la vie que dans le cinéma est soumise,
on l'a vu, à une appréciation. En conséquence la qualification de
l'animé est subjective et non objective et
généralisable. Dans ce sens, il ne s'agit pas d'une notion
scientifique mais empirique. Un personnage filmé en pose, même si
l'identification et l'appréciation sont très faciles, n'est pas
considéré immédiatement comme animé, car il s'agit
probablement d'une photo. À partir du moment où il bouge il le
devient. Dans le cinéma, on constate que cette qualité est
liée à une appréciation quantitative,
c'est-à-dire, c'est si l'on utilise beaucoup ou peu de mouvement qui
paraît inné. Un comédien filmé en "prises de
vues réelles" qui joue incrusté sur un décor
dessiné, n'est pas considéré comme de l'animation, dans la
mesure où ce qui domine de sa présence c'est le sentiment
de la copie de la réalité. De nombreuses techniques (Rotoscopie,
”Motion capture” etc.) élargissent la gamme et les nuances entre ce qui
est perçu comme copie de la réalité et ce qui est
délibérément création subjective, de sorte que l'on
ne puisse pas délimiter clairement des catégories immuables.
L'appréciation donc est également d'un ordre quantitatif
pour distinguer ce qui est ou pas de l'animation.
Il est intéressant aussi d'insister sur le mot ”intentionnellement”.
Un effet d'animation peut se produire automatiquement sous différentes
conditions dans le cinéma et peut être expressif ou
indifférent, il peut être même gênant, si par exemple
un homme devant une fenêtre se transforme en femme par un effet d'
”animation parasite” introduit par une maladresse de montage.
Il faut faire la
part entre ”effet d'animation” et ”expression par le mouvement attribué
à des formes”. En tant que phénomène purement perceptif,
l'effet d'animation peut être intentionnel ou pas. Mais en tant que forme
de l'art cinématographique, seuls les cas intentionnels de la production
du phénomène d'animation nous concernent. Ceci est valable pour
l'ensemble du cinéma par ailleurs. Comme il le remarque Iouri Lotman, [4] aussi paradoxal que cela puisse
paraître, la précision photographique des plans
cinématographiques, a empêché plutôt que
facilité la naissance du cinéma en tant qu'art. Malraux le
souligne également en disant que le cinéma naît en tant
qu'art du moment où l'on divise en plans [5]. Avant il n'était qu'une
admirable attraction foraine.
En cinéma d'animation, l'unité
élémentaire, n'est pas le plan mais l'image, et parfois
même des éléments à l'intérieur de l'image.
De l'organe ou d'une cellule autonome de l'organisme on passe à la
molécule. Une subdivision, qui loin d'être indifférente,
pousse le matériau du cinéma à traverser le palier qui le
transforme radicalement : Comme dans la loi de la dialectique, une
évolution quantitative produit une transformation qualitative (l'eau en
ébullition devient de la vapeur) ainsi dans le cinéma : une
subdivision de son matériau produit un basculement de sens
considérable : du cinéma d'illusion de la
réalité on passe au cinéma d'animation.
En percevant un phénomène on essaie de
l'interpréter. Un artefact réussi nous émeut, tandis que
le résultat réussi d'un processus automatique, une fois
identifié, change de catégorie esthétique: du ”beau
artistique” il bascule aussitôt vers le ”beau naturel” pour utiliser des
catégories classiques – ou, il se réduit au résultat banal
d'un processus automatique. Encore que l'enregistrement automatique des
images n'est pas un critère toujours discriminatoire. Les plantes
qui ”grandissent en accéléré” filmées au
laboratoire une image chaque minute, sont de l'animation… dans la mesure
où ces images en succession provoquent un mouvement inédit, qui
crée l'impression d'une source de mobilité innée aux
plantes, cohérente et expressive.
Le cinéma s'appuie sur un matériau
d'attraction foraine. Le cinéma d'animation également.
L'un et l'autre deviennent de l'art après avoir
dépassé ce premier niveau d'illusion animiste. Mais là
où le cinéma en prises de vues réelles devient de l'art en
utilisant la narration, le découpage, la lumière ou le jeux des
comédiens, le cinéma d'animation ajoute à cette liste un
élément qui lui est fondamental,
sans pour autant constituer une condition sine qua non: la création d'une expression par le
mouvement attribué intentionnellement à des formes.
[1] Gilles Deleuze : ”Image mouvement”, André Bazin :”Qu'est-ce que le cinéma”. Andrei Tarkovski : ”Le temps scellé”.
[2] Alexeieff : Texte de la communication faite aux étudiants de l' IDHEC, les 8 et 15 Février 1966 sur la "Synthèse cinématographique des mouvements artificiels"
[3] Un obturateur est un disque sur un axe avec une ouverture qui peut varier. Il tourne 24 tours par seconde, et selon son ouverture permet à une petite ou grande quantité de lumière d'exposer la pellicule dans la caméra. Si on a une ouverture de 45°, ceci correspond à 1/8 d'un tour de l'obturateur - un tour entier correspondant à 360°. Il est évident que si on expose un photogramme par une ouverture de 45° et un autre par une ouverture de 180°, le deuxième photogramme a été exposé 4 fois plus longtemps, il a donc enregistré 4 fois plus de temps que le premier. Et pourtant l'un et l'autre correspondent à 1/24ème de seconde dans la projection...
[4] Iouri Lotman: "Esthétique et sémiotique du cinéma" 1981
[5] Jean Mitry (Le cinéma expérimental, p. 13) cite André Malraux : "C'est de la division en plans, c'est-à-dire de l'indépendance de l'opérateur et du metteur en scène à l'égard de la scène même, que naquit la possibilité d'expression du cinéma - que le cinéma naquit en tant qu'art"…